26 mars 2009

Roll'Back Week-End


En ce moment les Roll'Back Week-end sont en tournée internationale des villes de seconde catégorie (Second Class European Tour). J'en ai donc profité pour aller les voir le week-end dernier au stadium de Toulouse, et je n'ai pas été déçu. Ils venaient tout droit de Valence avant de s'envoler vers Bologne, Stuttgart, Groninge...
Les Roll'Back Week-end, pour rappel, c'est ce groupe de trois ingénieurs-musiciens-compositeurs de la scène (américaine?) plus ou moins underground qui ont inventé le Roll'Back, sorte de musique expérimentale rock ou électro (le deux on va dire mais bon, c'est autre chose) qu'on pourrait dire synphonique (j'y reviendrai). Il est composé de Joe Chip, Arpy Bo et Nikos B., des anciens de la mouvance pour (vieux) ados des 2Tree2, et est produit par la maison de disque Agora sous son propre label RBWE Systems (qui est en gros le label dédié au Roll'Back chez le mastodonte de la production musicale).

Certains disent que le Roll'Back est un peu simple, notamment du point de vue technique, et qu'une telle démonstration de puissance est disproportionnée, surtout quand la technologie est de la partie. Il faut dire que les orchestres des Roll'Back Week-End sont composés la plupart du temps d'une -petite- cinquantaine d'interprètes et que pour certains instruments ce nombre semble disproportonné. L'utilisation de 20 guitares électriques est particulièrement discutée par exemple.
Il reste que sur scène la machine est impressionnante même si le spectacle proposé est plus proche du concert de musique classique que celui d'un quatuor d'artistes rock tentant le charisme chorégraphique.
Je ne connaissais que très peu et je ne les avais jamais vus, comme sans doute beaucoup d'autres spectateurs, aussi en arrivant je ne les ai pas reconnus avec leurs chemises à fleurs, assis au fond de la scène devant des portables. Je croyais qu'il s'agissait de simples ingénieurs faisant les derniers réglages accoustiques. Déjà je ne pensais pas qu'ils n'étaient que trois vu que l'orchestre est composé de 50 personnes (en gros)... Enfin au début il semblait ne pas y avoir de musique et les gens commençaient simplement à trouver les meilleurs places, à se retrouver entre potes, à s'amuser entre eux. Je remarquais que certains, arborant des T-shirts Roll'Back Week-End et manifestement des connaisseurs, étaient particulièrement bruyants et avaient des comportements un peu étranges. Malgré l'impatience de bon nombre d'entre nous, l'attente du spectateur, le brouhahas montait de manière assez continue. Tout à coup les lumières s'éteignirent, le brouhahas doubla de volume, les voix et bruits d'ambiance s'entremêlèrent en mailles serrées jusqu'à trouver un certain équilibre rythmique et accoustique... tout le monde s'était tû, le bruit humain était devenu musique.
La première impression était donc saisissante et on ne regrettait pas d'avoir dû attendre plutôt que de subir une première partie, quand bien même talentueuse, de musique industrielle comme c'est trop souvent le cas (selon moi évidemment, ceux qui m'accompagnaient auraient préféré une première partie). Avec l'arrivée des musiciens la musique pris plus de puissance en suivant telle ou telle variation ou plutôt telle ou telle superposition de discours (Joe Chip parle de "blaireau qui veut en imposer"). Après cette première partie forcément très expérimentale, peut-être à la limite de la musique contemporaine en plus light, la musique est beaucoup plus légère et ressemble plus aux morceaux qu'on peut retrouver sur internet. C'est sympathique avec tout le temps des happenings visuels pour soutenir la construction mélodique et faire interagir le public: on est loin d'être chez soi à écouter sagement un disque ou face à un orchestre d'autistes... en fait ça danse pas mal dans les travées, bref il faut y aller pour comprendre ce que je raconte.

Il y a évidemment la musique en elle-même, du Roll'Back léger et rythmé (Arpy Bo dit "Roll'back teletubies", Nikos B. a carrément parlé de "Roll'Back yéyé" dans un interview mais je pense qu'il faisait une provocation envers le public français). Je ne m'y connais pas beaucoup donc j'invite les experts mélomanes à aller directement écouter des morceaux sur deezer, jiwa ou d'autres. A ce que j'ai entendu jusqu'à maintenant c'est le meilleur son du Roll'Back, avec les londoniens de Walker-Tuscan-Citizen (qu'ils produisent d'ailleurs je crois) mais que je trouve un peu dépressif et surtout moins originaux (ils jouent à 5, c'est limite du pop-rock), et surtout très dansant. Ce que j'apprécie surtout c'est leur capacité à mettre du rythme sous forme de pulsations sans le marquer par une quelconque percussion.
Le Roll'Back au départ est sensé être basé sur des phrases de langue naturelle en en démêlant les vocalises pour isoler des mélodies, quelque chose du genre, tout en retraduisant les inflexions et, comme je le disais précédemment, le rythme. Arpy Bo explique d'ailleurs que c'est le sens du nom "Roll'Back", comme une volonté de re-protéiformer le langage (j'ai essayer de coller au néologisme anglais utilisé), et que la juxtaposition "Week-end" permettrait une mise en abîme de la double articulation à un niveau syntaxique mais aussi sémantique au niveau temporel ("ce qui est toujours intéressant quand on fait de la musique, parce qu'on travaille sur la notion de durée" dit-il)... :s.
A part l'explication par prise de tête d'Arpy Bo (peut-être humoristique, mais il a pas l'air de rigoler), Nikos B. raconte qu'il ne s'agit que d'une blague, de l'envie de rester en week-end, et que cela explique pourquoi ils portent des westons et des chemises hawaïennes: pour le contraste (je crois que Joe Chip a toujours préféré mettre en oeuvre la prise de congé au moment de ce genre de questions des journalistes)... avant de faire des simili jeux de mots prise de tête lui aussi. Apparemment c'est un peu l'humour du groupe qui avait besoin de se "détendre" après leur expérience au sein des 2Tree2 (qui leur a quand-même ouvert des portes puisque depuis Nikos B. apparait dans quelques films avec Adam Sandler, Joe Chip fait les chorégraphies de Beyonce et d'autres, et Arpy Bo s'est marié avec Jennifer Lopez qu'il a rencontrée à la Star-Ac américaine).

Pour conclure je dirais que l'expérience était plutôt intéressante et que j'irai sans doute les voir à Darwin à l'occasion de mon voyage en Australie pour les Nobody Days, peut-être le jeudi pour assister à du Story-live (il y avait des jazzmen qui en faisaient l'année dernière pour la fête de la musique sur la place Arnaud Bernard, et c'était pas mal, à 50 je me demande ce que ça peut donner).

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