14 décembre 2011

Titans

Et la mer se mit à bouillir. Deux larges tourbillons se formèrent à la surface pour devenir si profonds que la Lune pourrait y tenir. Les vagues se figèrent, au loin un dôme liquide se forma, s’éleva encore, comme une montagne, fixe. Deux bras d’écume montèrent, et dans un cri caverneux l’Océan n’était plus de l’eau,deux colonnes gigantesques parcouraient comme des jambes son ancien lit. La terre tremblait, les rochers se fendaient, explosaient comme écrasés par une pression sans égal. Tout était systématiquement pulvérisé pour former une sorte de brume épaissee.
La montagne se craquela alors et les flames surgirent. Les crevasses déchiraient la planète entière, la roche en fusion animait la roche solide. Le Volcan s’était réveillé et grondait d’une fureur aussi grande que son sommeil avait été éternel.
Et l’air devint plus épais, plus lourd et plus chaud. Le nuage devenu noir comme une poussière de charbon étraignait la Terrre, l’Atmosphère brûlante en accélérait la rotation. Les trois titans primaires s’embrassèrent, et la Terre se réveilla et enfanta de son coeur de métal dans un tumulte de destruction totale.
Le coeur terrestre traversa la Lune, détruisit Mars d’une étreinte trop vive, et déchira Jupiter. Les titans planétaires, coeurs de tous les dieux, vaincus, avaient fusionné. Cette masse formidable tournait toujours plus vite jusqu’à s’embraser, éclairant la nuit éternelle de la lumière d’un nouveau Soleil tournant et dansant autour du premier. Le Ciel s’illuminait tout entier, brûlant d’une nouvelle jeunesse. Les étoiles, comme folles, se rassemblèrent le long de la chevelure de la Voie Lactée.
Soudain l’obscurité.
La Gravité s’écroula sur elle-même, et emporta tout avec elle, jusqu’au silence. De grands arcs magnétiques se formèrent autour de son grand corps, la matière ondula, ses trois frères, titans géants apparurent.
Leur bataille ne dura q’un instant car la Lumière fut, à nouveau et pour toujours, seule. Titan magnifique autant que minuscule, elle brillait comme une flame. La flame d’un oeil, de l’oeil fixe du Temps qui fixait la Réalité. Les quatre derniers titans, Rêve et Espace, s’étraignaient dans un quadruple bras de fer circulaire, tel un anneau, une médaille. La médaille mise dans ma main par ma mère, et qui, d’un poids incommensurable, traverse mon point serré et fumant. Je crie ma brulure à travers les âges jusqu’à ce qu’à la fin de la fin, cette insigne m’ait traversé de part en part.
C’est cela mon sceau sur l’humanité.

Traduction de l’inscription supposée d’une la table de la loi disparue (dite Table d’Obéron) transmise à travers Pilomède de Kinkons par Evaristid Wellington qui la retrouva en 1975 lors des fouilles du site de l’ancienne grande bibliothèque d’Invitation au Voyage. La Table d’Obéron aurait été construite sous Caucase 1er, juste après la Grande Ouverture, pour rendre justice au sein d’un tribunal circulaire. La traduction ne permet pas aujourd’hui de décider s’il s’agissait d’un meuble ou du sol lui-même de la salle du tribunal.
Transmises par Obéron, “le Dieu de l’Oracle” qualifié de “juste” ou “bon” ou “fin” selon les traductions, ces paroles sont sensées être prononcées par Echylée, son frère, “le Dieu qui pense à l’Homme”.

0 commentaires: