Et
la mer se mit à bouillir. Deux larges tourbillons se formèrent à la
surface pour devenir si profonds que la Lune pourrait y tenir. Les
vagues se figèrent, au loin un dôme liquide se forma, s’éleva encore,
comme une montagne, fixe. Deux bras d’écume montèrent, et dans un cri
caverneux l’Océan n’était plus de l’eau,deux colonnes gigantesques
parcouraient comme des jambes son ancien lit. La terre tremblait, les
rochers se fendaient, explosaient comme écrasés par une pression sans
égal. Tout était systématiquement pulvérisé pour former une sorte de
brume épaissee.
La
montagne se craquela alors et les flames surgirent. Les crevasses
déchiraient la planète entière, la roche en fusion animait la roche
solide. Le Volcan s’était réveillé et grondait d’une fureur aussi grande
que son sommeil avait été éternel.
Et
l’air devint plus épais, plus lourd et plus chaud. Le nuage devenu noir
comme une poussière de charbon étraignait la Terrre, l’Atmosphère
brûlante en accélérait la rotation. Les trois titans primaires
s’embrassèrent, et la Terre se réveilla et enfanta de son coeur de métal
dans un tumulte de destruction totale.
Le
coeur terrestre traversa la Lune, détruisit Mars d’une étreinte trop
vive, et déchira Jupiter. Les titans planétaires, coeurs de tous les
dieux, vaincus, avaient fusionné. Cette masse formidable tournait
toujours plus vite jusqu’à s’embraser, éclairant la nuit éternelle de la
lumière d’un nouveau Soleil tournant et dansant autour du premier. Le
Ciel s’illuminait tout entier, brûlant d’une nouvelle jeunesse. Les
étoiles, comme folles, se rassemblèrent le long de la chevelure de la
Voie Lactée.
Soudain l’obscurité.
La
Gravité s’écroula sur elle-même, et emporta tout avec elle, jusqu’au
silence. De grands arcs magnétiques se formèrent autour de son grand
corps, la matière ondula, ses trois frères, titans géants apparurent.
Leur
bataille ne dura q’un instant car la Lumière fut, à nouveau et pour
toujours, seule. Titan magnifique autant que minuscule, elle brillait
comme une flame. La flame d’un oeil, de l’oeil fixe du Temps qui fixait
la Réalité. Les quatre derniers titans, Rêve et Espace, s’étraignaient
dans un quadruple bras de fer circulaire, tel un anneau, une médaille.
La médaille mise dans ma main par ma mère, et qui, d’un poids
incommensurable, traverse mon point serré et fumant. Je crie ma brulure à
travers les âges jusqu’à ce qu’à la fin de la fin, cette insigne m’ait
traversé de part en part.
C’est cela mon sceau sur l’humanité.
Traduction
de l’inscription supposée d’une la table de la loi disparue (dite Table
d’Obéron) transmise à travers Pilomède de Kinkons par Evaristid
Wellington qui la retrouva en 1975 lors des fouilles du site de
l’ancienne grande bibliothèque d’Invitation au Voyage. La Table d’Obéron
aurait été construite sous Caucase 1er, juste après la Grande
Ouverture, pour rendre justice au sein d’un tribunal circulaire. La
traduction ne permet pas aujourd’hui de décider s’il s’agissait d’un
meuble ou du sol lui-même de la salle du tribunal.
Transmises
par Obéron, “le Dieu de l’Oracle” qualifié de “juste” ou “bon” ou “fin”
selon les traductions, ces paroles sont sensées être prononcées par
Echylée, son frère, “le Dieu qui pense à l’Homme”.
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