Par quel biais accédons-nous à la connaissance du temps ? Notre mémoire témoigne de notre passé et son articulation avec le langage nous amène à considérer le temps d'autrui (ça reste la mémoire). Dans le présent nous sommes capables d'apréhender la "trajectoire" des "choses" (je reviendrai à cette notion), c'est à dire ce qui se passe : ce qui tombe dans le passé. L'essence de cette trajectoire, la mémorisation du fait que le présent arrive puis passe puis la conscience de ce que cela représente une trajectoire nous font deviner la notion de passé à venir, c'est à dire l'avenir.
Le passé est bel et bien fini et ne nécessite pas directement d'action c'est pourtant la seule chose qui compte pour nous puisqu'elle la conditionne par l'intermédiaire de l'identité. Le présent n'a d'importance que parce qu'il va nous faire devenir ce que nous serons.
"Carpe diem" veut dire qu'un jour ou l'autre, et peut-être à l'instant qui suit, nous reviendrons sur le moment présent, autant que cela soit un bon moment c'est à dire un moment qui nous construira "au mieux", conformément à notre identité présente. Un bon moment serait un moment recevant l'assentiment de notre identité sur ce qu'elle devient. Si cela n'était pas le cas pourquoi essayer de bien vivre le temps présent puisqu'il n'aurait aucune conséquence ? C'est un peu résumé mais je considère cela comme trivial : le présent n'est pas extensible bien qu'il puisse avoir une pertinence identitaire.
Si c'est le passé qui nous importe, comme objectif (et parce que nous voulons devenir ce que nous sommes), cela n'entraîne pas la notion du temps mais juste la volonté de l'avoir. Quel est le sentiment qui le sous-tend ? Qu'est-ce qui le fait être vécu ?
Le passé est bel et bien fini et ne nécessite pas directement d'action c'est pourtant la seule chose qui compte pour nous puisqu'elle la conditionne par l'intermédiaire de l'identité. Le présent n'a d'importance que parce qu'il va nous faire devenir ce que nous serons.
"Carpe diem" veut dire qu'un jour ou l'autre, et peut-être à l'instant qui suit, nous reviendrons sur le moment présent, autant que cela soit un bon moment c'est à dire un moment qui nous construira "au mieux", conformément à notre identité présente. Un bon moment serait un moment recevant l'assentiment de notre identité sur ce qu'elle devient. Si cela n'était pas le cas pourquoi essayer de bien vivre le temps présent puisqu'il n'aurait aucune conséquence ? C'est un peu résumé mais je considère cela comme trivial : le présent n'est pas extensible bien qu'il puisse avoir une pertinence identitaire.
Si c'est le passé qui nous importe, comme objectif (et parce que nous voulons devenir ce que nous sommes), cela n'entraîne pas la notion du temps mais juste la volonté de l'avoir. Quel est le sentiment qui le sous-tend ? Qu'est-ce qui le fait être vécu ?
3 commentaires:
Chercher du côté des aborigènes ou des chamanes... mais je risque de tomber sur le "rêve".
Oui , c'est en partie très vrai et bien vu , mais c'est restrictif !
Le passé est existant dans notre mémoire , que nous pouvons oublier , faire vivre, embellir , enlaidir presque à notre convenance. Il peut nous faire mal ou bien , suivant que nous choisissons de nous voir en négatif ou en positif . Car nous avons le choix : nous sourire ou nous pleurer !
Même si notre construction intérieure suit les alléas de notre inconscient construit par notre histoire ( et donc pas seulement basé sur le langage mais aussi par le ressenti de notre corps même bébé quand nous n'avons pas "conscience") , avec des parents , des lieux , des évènements que nous n'avons pas choisi . Même donc , nous pouvons choisir de voir en "positif" ou en "négatif" et donc de pleurer ou de rire , d'aller de l'avant ou de rester en arrière .
Le présent est le temps éphémère que l'on vit à l'instant , c'est celui du ressenti et non de la parole ... donc c'est le plus important car il reste inscrit dans notre corps , éventuellement par des cicatrices ineffaçables !!!
Le présent est , il sera le passé , mais il est . Car de même que lorsque nous regardons un film , les images nous paraissent animées car l'oeil a une mémoire , le présent s'anime nous le vivons non pas en instants "image par image" mais bien comme un film continu .
Nous ne pouvons pas forcément construire notre présent au mieux , car il peut être au pire (voire par ex des gens sous la torture) ; ce que le langage nous aide à faire c'est à comprendre le vécu de notre corps , à l'expliquer et avoir une action sur la force de nos sensations . A partager aussi avec les autres , à échanger des sensations avec les autres .
Il ne faut pas oublier le corps !!! il n'y a d'ailleurs pas de langage sans corps .
Donc oui , Carpe Diem , vivons au mieux le moment présent pour qu'il soit un passé et un futur agréables .. mais surtout pour accepter notre ressenti du moment ... voire quasiment toutes les philosophies : accepter notre présent comme il est et non comme l'on voudrait ou rêverait qu'il soit !
Le langage sert à communiquer. Mais il est doublement articulé et nous permet de supposer que l'autre est conscient. La question n'est pas la place du langage dans notre sensation du temps, c'est juste ce qui nous permet, par l'oral ou par la lecture, de mesurer un temps qui nous dépasse. Car ce qui est étonnant dans ce que l'on vit du temps c'est que notre vie a une fin située dans le futur et dont nous n'avons pas conscience mais surtout un début situé dans le passé dont nous n'avons pas conscience non plus. Ce n'est pas un problème de mémoire car nous ne sommes pas capables de dater l'arrivée de notre conscience ni notre premier souvenir.
C'est la confrontation à l'autre puis le langage qui nous permettent de saisir que notre temps n'est pas la totalité du temps. Il n'empêche que nous le vivons comme total.
Ta vision, que je sais désormais être stoïcienne, des moments positifs ou négatifs est assez proche de la mienne. Or il y a paradoxe avec ta vision "épicurienne" du ressenti. Epictète, lorsque son maître lui appose sur sa jambe un outil de torture, explique "tu vas me casser la jambe"... une fois celle-ci cassée, il regarde son maître et lui dit "je t'avais dit qu'elle allait casser". Il met donc la raison à l'origine du ressenti.
Personnellement je n'ai pas le même point de vue. Je ne parle pas nécessairement de conscience ici, je parle d'identité (concept que j'ai peu défini encore et très discuté, ma définition serait trop proche de celle de l'ego soit-disant mais dès que je rentre dans le détail plus personne ne me comprend, faut que je continue ma correspondance avec le prof de philo là). Le corps aussi a sa mémoire, tu le dis toi-même. Mais il n'empêche qu'un bon moment n'est pas nécessairement lié au plaisir. Prenons ma cicatrice au niveau du pouce... un peu plus et j'avais le tendon sectionné, un morceau de peau morte et sans compté que mes orteils sont pas passés loin. Il y avait la douleur, la peur. Il n'empêche qu'aujourd'hui je n'en tire que des bons souvenirs et que c'était un bon moment ; pour d'autre raisons peut-être, ça m'est complètement égal... je le ressens comme tel.
"Car de même que lorsque nous regardons un film , les images nous paraissent animées car l'oeil a une mémoire , le présent s'anime nous le vivons non pas en instants "image par image" mais bien comme un film continu ." C'est bien mon problème : quelle est cette sensation de continu ? Si tu me dis d'aller chercher chez les philosophes la définition du temps... Saint-Augustin a peut-être été un peu meilleur que les autres (il aboutit plus a des questions) mais aujourd'hui, après Einstein, et entre Hawking et Prigogine, on est bien obligé de se poser la question autrement. Jean-Claude VanDamme, comme souvent, est celui qui est le plus proche d'une explication qui me conviendrait, et justement parce qu'il cherche à comprendre ce que l'on ressent vraiment. Quel est le ressenti du temps ?
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