23 juillet 2007

Réflexions (pessimistes?) du we II: Match.com et modélisation du corps

(Ayant déjà parlé de Match.com, je serai rapide sur ce 1er sujet)

Qu'est-ce que la tromperie dans des rapports commerciaux ? Il faut bien comprendre que si l'objectif est la mise en interaction, une fois cette interaction échafaudée le potentiel utilitaire y est restreint, il n'y a pas tromperie lorsque la transaction est faite, que la rétribution et le service attendu se sont déroulés comme prévu. C'est la même chose pour une recherche d'emploi sans projection, lorsque ni l'employeur ni l'employé n'ont de projet social ensemble (ce qui arrive trop souvent) et que l'objectif est transactionnel, du coup-par-coup commercial: le mensonge sur un CV devient un toupet bien senti. Je reviens à mon article précédent: c'est une question de service demandé. Il y a tromperie lorsque le « client » attend un service dans un mode relationnel (interaction référencée) et que le commercial vend un service dans un mode transactionnel (interaction jetable)... on passera sur le rôle alors devenu délicat de l'opérationnel (heureusement pour lui il lui arrive d'avoir suffisamment d'incompétence pour ne pas toujours réussir à la cacher).

Toujours le service et son interaction avec l'appartenance dans le rapport social au corps. Le corps nous appartient-il ? Avons-nous tous les droits vis-à-vis de celui-ci ? A cette dernière question il est très facile de trouver une réponse simple: non. Puisque nous n'avons aucun droit d'en déléguer le contrôle jusqu'à la destruction notre propriété ne peut être que partielle.

De plus la sécurité sociale est un moyen de délégation pour chacun donnée à un autre de prendre soin de son corps, c'est à dire que l'ensemble de la société a un droit (il n'y a pas de don gratuit), relatif à un usage, sur le corps de l'individu. On pourrait arguer que ce service se base sur les mêmes fondements que la morale mais les entreprises ont le devoir de vérifier la santé de leurs employés et il est possible d'interner des gens dans des hôpitaux psychiatriques sans leur demander leur avis.

Enfin être gros, handicapé, moche, avoir une image simplement inhabituelle... ne deviennent alors plus simplement des contraintes à l'interaction mais carrément un message et déjà une interaction, qu'on soit responsable ou non de cette image physique: être albinos est la même chose que porter un nez de clown, tant pis si dans un cas on est né comme ça puisqu'en réalité nous serions cause de nous-même, c'est plus pratique. Nous sommes bien loin de l'homme vrai (mais pas si loin de ceux qui s'appellent « hommes vrais » qui vectorialisent eux aussi le paysage relatif à leur corps). Être bronzé en permanence n'est plus ainsi un besoin de séduire en permanence mais exprimer la reconnaissance du caractère permanent du besoin de séduire, c'est très différent. Le tatouage, comme d'autres pratiques telle que le piercing, souvent catégorisées de la même façon, n'est pas un autre comportement: seul le message diffère. On pourrait presque en revenir au sujet sur Second Life... mais je le garde pour plus tard.

Bref nous ne sommes plus en situation de pensivité face à un autre corps et la beauté d'une personne ne vient plus de celle qui la regarde, contemplative... la poésie comme pont entre le vectoriel et le paysage n'a plus d'intérêt puisque la transaction commerciale n'y est pas nette.

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