25 mai 2008

Conscience

Ce qu’il est important de réaliser c’est que l’Homme est animiste : il prête un comportement à ce qui lui est extérieur. J’ajoute qu’il a d’ailleurs raison (mais je ne vais pas pour l’instant m’attarder à argumenter sur le vocabulaire employé). Sa pensée (et sa mémoire) analytique permet par la suite de classer ces comportements reconnus et d’y associer des successions de cause à effets.
Si à un certain âge nous sommes capables d’édicter un certain nombre de lois du monde, de reconnaître les choses avec lesquelles il peut y avoir une relation (référencements de successions d’interactions), les surprises continuent de survenir, conformément à l’objectif prospectif (nous ne référençons pas tout : l’information doit être reconnue et il faudrait ici étudier la différence entre le même et l’identique, source du mème et de l’approche symbolique), et une dose proportionnelle d’animisme persiste parallèlement à une paranoïa préventive compréhensible (« la chose se comporte comme ceci : 1) ne serait-ce pas par rapport à moi ? », priorisation du questionnement qu’on a apprise très tôt et qui aboutit peut-être à la toute-puissance puis, celle-ci déçue, à la phase transitionnelle) qui permet l’apparition de la responsabilité.

Se peut-il que l’Homme puisse paraître globalement aussi prévisible qu’une pierre qu’on lâche dans un milieu dominé par une force de gravité ? J’en doute. Et il est possible que, comme nous l’appréhendons depuis toujours, la différence entre les comportements de l’un et de l’autre ne soit objectivement pas ténue, c'est-à-dire que le qualitatif pourrait apparaître à un certain degré de divergence quantitativement mesuré.
J’appelle conscience le gap qui qualifie le changement d’état perçu comme statistiquement hautement surprenant, la surprise ne pouvant se manifester que si le changement d’état est prégnant, c'est-à-dire que l’observateur peut y anticiper une dimension symbolique. A noter qu’une articulation réflexive dans un système difficile à décomposer donne plus de chances à celui-ci d’être reconnu comme surprenant.

Je me suis demandé plusieurs fois ce qu’était la conscience. J’ai même essayer de la mesurer de manière quantitative (valeur 3-4, 3.5, 3 tout court ? pour moi et peut-être les humains) et j’ai toujours considéré une bonne définition comme devant être constructiviste.
A ma connaissance il n’existe pas aujourd’hui de définition véritablement constructiviste de la conscience. Et il est possible qu’il n’en existe jamais. Que signifierait cette indéfinition ? A mon avis il s’agirait de constater que le mot peut induire, s’il n’est pas utilisé avec soin, un biais cognitif si important qu’il en devient inconséquent (allant jusqu’à proposer l’hypothèse d’une âme dont l’abstraction de principe pour expliquer la lassitude du sceptique est tout à fait abusif). Les mots ont une origine pragmatique pourtant, ils ne peuvent être interdits que par le tabou, et il est intéressant d’associer à celui-ci les limites ostensibles de la modélisation qu’il entraîne.

Ainsi si cette définition (gap de reproductibilité de non reproduction d’un comportement identique) qui rend compte de la perturbation de la mesure introduite par l’observateur recadre la conscience dans une perspective qualitative, elle autorise à tout moment une révision sur des phénomènes quantitatifs. On pourrait identifier l’intentionnalité de l’observateur, prospectant pour l’interaction sociale, comme élément déclencheur au même titre que l’action du sujet observé à l’origine du phénomène quantitatif ; et ce que l’observateur et l’observé soient une personne identifiée comme unique ou non. Bref, l’interaction est de mise et c’est pourquoi nous sommes toujours tentés d’associer abusivement conscience et langage (qui serait plutôt un effet).

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