11 août 2009

Le paysage, avenir de la nature

Il existe ici et là quelques fantasmes autour de ce début de crise que nous subissons depuis quelques temps. D'aucuns pensent qu'il est possible de se recentrer sur l'industrie, par un capitalisme plus dur, d'autres par la pureté de la morale ouvriére, toujours pour performer l'exploitation. D'autres, fatalistes, considèrent que la révolution industrielle est une parenthèse dans l'Histoire, et qu'un retour à l'agriculture est incontournable.
La seconde thèse est intéressante (la première a le mérite d'être sauvagement stupide et de pouvoir être écartée à grands renforts de rigolade) parce qu'elle essaye d'extirper les fondements profonds de nos sociétés et de leur structure. Car il est vrai que notre système social est lié au territoire, à l'amour du savoir-faire, au respect du rythme des contraintes extérieures. Mais il ne s'agit toujours pas d'écologie, plutôt de revoir à la baisse nos ambitions de production, d'exploitation. C'est l'agriculture artisanale qui est fantasmée, et donc l'artisanat, sans se rendre compte qu'il ne s'agit que d'un problème d'échelle. La densité du lien social, sa soit-disant perte et l'accusation d'individualisme qui va avec sont des tartes à la crème, débouche nécessairement vers l'industrie comme organisation collective. Et il est aisé de mesurer à quel point l'agriculture est toujours importante, mais qu'elle a été en quelques années transformée, industrialisée puis financiarisée. On se demande même quelle serait la place du travail dans ce retour à la terre et il ne faudrait pas oublier que ce n'est que très récemment que nous avons transformé l'esclavage.
Le dépassement nécessaire de l'industrie nécessite de dépasser la productivité agricole mais aussi la relation utilitaire vis-à-vis de la "nature". Passons au paysage, cette "nature" perçue comme source d'information , liée à la culture et à la pensivité, c'est à dire à une construction raisonnable de nos interdépendances, et qui permet toutes les analyses à grande échelle, tous les projets de gestion responsables. Alors bien sûr les agriculteurs riraient bien de ma naïveté du haut de leur échelle de production, sans réaliser que les pieds en sont pourris. Je ne vois que 2 limites à l'excès: la discipline (qui devra passer par la force puisque nous avons appris à fonctionner suivant des principes adverses, sans parler des coûts que cela représente) et l'esthétique, que je choisis. Un jour nous redécouvrirons les bocages, les mélanges et arrangements de cultures, sur une même terre, l'accompagnement de l'éco-système... bref, le jardin.
C'est notre seule porte de sortie. C'est pas très virile peut-être aujourd'hui, ça ne semble pas rapporter beaucoup non plus. C'est pourtant inéluctable: un jour nos champs seront tous devenus des parcs fort bien agréables et donc fort utiles.

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