10 mars 2011

Shoot

Régulièrement j'alterne les cycles de musique, des cycles sans musique... Est-ce la musique qui me donne envie d'écrire ? Ou bien des cycles de contrebande, dans des ténèbres tous juste éclairés par une de ces lunes sorties de limbes, croissants effilés qui semblent déchirer un ciel noir et sans étoile au-dessus d'un paysage urbain à moitié orange ? Toujours est-il que j'ai vieilli et que je reconnais désormais ces périodes de recyclage qui accélèrent les évènements de ma vie.

J'écoutais Saint-Germain au milieu de mes souvenirs de vie d'étudiant attardé parisien, ce monde si lointain désormais auquel j'accède sans aucune trace de mélancolie, comme si ça ne m'avait jamais réellement concerné. J'avais choisi un morceau plus positif que les autres, dont le début fait écho au générique de Clair de Lune... Paris toujours... (nous nous sommes jurés de nous aimer toute la vie et nous avons choisi des universités différentes)... et puis petit à petit, un silence se dessine, dans des notes fluides au piano.
Clac !
Une rupture que je ne connais qu'au piano. Une petite suite de 3 accords dont chaque note se détache très clairement. C'est aussi l'étude de Bach jouée par Richter, le moment unique qui fait que le monde d'avant bascule dans un nouveau monde, un premier battement de cœur à 4 temps, identique aux suivants mais unique dans ce que celui-ci succède au silence, un instant qui pourtant se déroule dans sa propre finitude temporelle.
C'est peut-être ce fameux shoot d'héroïne, impossible à revivre.

Je remets mon CD sur 5:50, encore, et encore, j'essaye de le reproduire avec ma langue et dans ma tête c'est toujours une gifle donc chaque doigt s'abat séparément. Mais il me faudra à nouveau l'oublier pour le revivre véritablement... plus tard.

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