22 juillet 2013

Légion : 1ere mission

Quelqu’un frappa à la lourde porte en chêne. Philippides, enfoncé dans son vieux fauteuil roulant, les yeux perdus dans la profondeur du ciel bleu au travers d’une fenêtre trop large, un long rideau en fin filet de mailles vertes flottant au gré du vent, essaya de crier à son fidèle ami tandis que ce n’est qu’une voix chevrotante qui réussit à peine à se faire entendre à travers l’obscurité de la maison, avant de s'étouffer.
- Va donc voir qui est à la porte Domenico, je n’attends personne.
La porte s’ouvrit, un silence se fit.
- Vieux maître ! chuchota Domenico, sous le coup de l’émotion.
- Oh ! c’est vous, dit Philippides, dont le visage s’éclaircit de joie. Je... je n’ai pas compris ce qu’il s’est passé... je... si soudain...
- Je suis bien là, répondit Calypso.
Elle était habillée d’un voile blanc qui s’enroulait autour de son corps tout entier. A sa ceinture pendait une matraque, dans le dos une crosse de fusil dépassait, et en s’élançant vers le vieil homme pour lui prendre les mains, une odeur de sable embauma toute la pièce.
Elle avait les yeux remplis de larmes de joie.
- Je sais, je sais, chuchota-t-elle dans un sourire serein. Je sais que je vais faire une erreur, et si je n’en connais pas la nature je sais qu’aucun futur ne serait possible si je ne la faisais pas.
Philipides souriait comme un grand père qui ne comprend pas ce qu’on lui raconte, mais plein de joie de partager un enthousiasme quand bien même étranger.
- Allons, allons, nous avons beaucoup à faire, nous avons une mission, ça va vous plaire vous allez voir. Vous connaissez Egon Thisrt ? demanda Calypso, excitée.
Philippides connaissait Egon Thirst. Qui ne le connaissait pas ?


-Tu dois aller trouver Egon Thirst. Tu dois aller trouver Egon Thirst et le recruter. Il te dira comment suivre tes propres lignes temporelles, il saura comment utiliser tes pouvoirs.

Cela faisait 2h que Calypso était arrivée là. On lui avait donné de quoi se vêtir pour se protéger du soleil, à côté d’elle quelques armes étaient présentées sur un drap blanc. Elle ne cessait de les regarder d’un air de dégoût léger, même si on lui avait expliqué que chacune aurait son utilité au moment voulu.
Elle était curieuse de tout, avide de réponses, intarissable de questions... elle ressentait enfin l’espoir d’un bonheur possible, même si il serait de toute évidence difficile, enfin de la sérénité.
Elle avait donc traversé le temps, et était remontée si loin dans le passé. A travers le temps une grande énergie avait été accumulée pour lui permettre d’arriver jusque là, jusqu’à cette date là, à cet endroit là... toute cette énergie qui avait créer tant de chaleur anormale pour les hommes, l’avait amenée dans son chez elle.
-Home sweet home ! Dans une sorte de désert baignée d’une lumière aveuglante une dame drapée de blanc l'avait prise dans ses bras.
- Viens, viens avec moi, avait-elle continué en la prenant par la main, et garde tes questions pour l’instant. Tu as fais un long voyage et nous avons tant à nous dire.
Calypso s'était laissée entraîner à mesure que ses yeux s’habituaient à la lumière. Il y avait du bruit derrière une dune de sable, comme une fête qui se préparait : de la musique, des marteaux, des rires... Arrivée en haut elle avait vu donc toutes ces femmes, presque identiques, s’affairer autour d’une table, préparer un repas au feu de bois, monter un chapiteau... courir de tous côtés. Elle avait été prise par la surprise, elle aurait pu aussi ressentir de la terreur, mais ce n’avait pas été le cas, tout était si joyeux autour d’elle. Elle s'était tournée alors vers son hôtesse, se dévoilant le visage, les yeux humides mais sereins, un large sourire, et se reconnu elle-même.
- C’est chez toi, c’est chez moi, tu es là, nous sommes presque toutes là, dit l’hôtesse Calypso à l’invitée Calypso.
- Comment est-ce possible ? Suis-je donc morte ?
- Oh non, tu n’en as pas fini avec moi, tu n’en as pas fini avec toi. Tu es plus dure à cuire que tu ne crois. C’est le Temps lui-même qui est ici.

Après la joie, après tous les pardons, tous les regrets, toutes les hontes partagées, digérées... la mission.
- Egon Thirst... c’est donc lui...
- Non. Mais il t’aidera... et tu feras une erreur, grave.
- Comment ça ?
- Une erreur qui pourrait faire écrouler l’ensemble de la réalité, et qui te vaudra des ennemis. Mais cette erreur est indispensable, dit l’hôtesse, caressant les cheveux de sa cadette d’une main triste et bienveillante.
- Mais pourquoi ?
- Tu vas le rencontrer alors, continuait l’aînée, en pleurs, tu le verras, tu l’aimeras, et ce ne sera pas... bien.
- Pourquoi ?
- Et moi je ne le reverrai plus... Vas, ne t’inquiète pas, l’avenir, le passé, le présent nous appartiennent, le monde est entre tes mains. Prends la mienne, et sens comme le destin est fort, ressens comment le temps circule en moi et comment tu peux retrouver ton chemin. Retournes dans le présent maintenant, et tu verras.

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